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Aquaculture et enjeux alimentaires

Alors que la sécurité alimentaire commence à devenir un sujet sensible, l’aquaculture est l’un des secteurs de production le plus performant.

Entre 2001 et 2016, l’aquaculture connaissait ainsi un taux annuel de croissance de 5,8 %.

En 2011, l’aquaculture dépassa ainsi la production de bœuf.

En 2018, la production mondiale de poisson fût de 179 millions de tonnes dont 82 millions de tonnes provenant de la production aquacole.

Sur les 179 millions de tonnes produites, 156 millions de tonnes l’étaient notamment pour la consommation humaine.

L’aquaculture représentait ainsi 46 % de la production totale et 52 % du volume de la consommation humaine.

Un modèle novateur

L’aquaculture est en effet une alternative à la surpêche et aux pratiques destructrices des fonds marins.

Cette culture pourrait s’inscrire écologiquement dans les objectifs de développement durable de l’ONU.

Dans ce nouveau marché mondial, l’Asie-Pacifique représente 74 % de la production mondiale contre 10 % pour l’Amérique latine.

Le reste se répartit avec 9 % pour l’Europe, 5 % pour l’Amérique du Nord, et 1 % pour le Moyen-Orient et l’Afrique.

En 2020 la production mondiale totale halieutique et aquacole fut ainsi de 214 millions de tonnes soit 178 millions de tonnes d’animaux aquatiques et 36 millions de tonnes d’algues.

La part de la production aquacole fut quant à elle de 87,5 millions de tonnes d’animaux aquatiques.

En France, la production aquacole occupe la seconde place au sein de l’Union européenne.

La conchyliculture est l’activité dominante avec 153 000 tonnes alors que la pisciculture en eau douce représente environ 42 000 tonnes de ventes (trois quarts de truite arc-en-ciel).

Une prospective table sur 13 millions de km² d’océans exploitables par l’aquaculture.

Cette surface pourrait permettre en revanche la production de 15 milliards de tonnes de poissons.

Cela représente 100 fois la consommation mondiale actuelle.

D’ici 2050, l’industrie alimentaire devra être capable de nourrir plus de 9,7 milliards d’habitants.

Aujourd’hui, un tiers des stocks mondiaux de poissons sauvages sont surexploités et deux tiers sont exploités au maximum.

Activité d’élevage intensive

L’activité d’élevage intensive est peu soucieuse du bien-être des poissons au final.

En 2017, l’industrie de l’aquaculture représentait 176 milliards de dollars.

L’aquaculture ce n’est d’ailleurs pas que les poissons.

Le terme générique désigne en effet toutes les activités de production animale ou végétale en milieu aquatique ; poissons, algues, crustacés, mollusques…

Il s’agit donc aussi de la culture des plantes aquatiques (des algues).

Ce secteur doubla sa production en passant de 13,5 millions de tonnes en 1995 à un peu plus de 30 millions de tonnes en 2016.

Mais attention, si l’aquaculture et sa production ont pu augmenter rapidement, c’est parce qu’il s’agit d’élevage intensif d’espèces.

Ce système d’élevage repose sur des méthodes se souciant peu des conditions de vie des poissons.

Ceux-ci sont entassés dans des cages ou des bassins immergés.

Ces élevages favorisent la propagation de maladies et des parasites (poux de mer chez le saumon).

En plus à cela s’ajoute le stress des animaux.

De même l’abattage est bien une agonie prolongée pour les poissons.

On les immerge en outre dans un bain électrique ou dans un bain de dioxyde de carbone pour les paralyser.

Ainsi les poissons s’asphyxie à l’air libre. Ils sont saignés et leurs branchies tranchées sans étourdissement préalable pour qu’ils se vident de leur sang.

Aquaculture et non sens écologique

L’aquaculture qui représente désormais la moitié de la production mondiale de poissons puisent ses besoins dans la pêche pour nourrir ses poissons d’élevage.

Le développement de l’aquaculture accroît la demande de produits de la pêche.

En effet cela facilite l’accès aux poissons carnivores comme le saumon, le turbot, le bar, la daurade et la truite.

Le problème, c’est que ces poissons d’élevage (thons, saumons, carpes, etc.) sont nourris avec des farines et des huiles de « poissons fourrage ».

Autrement dit, ils sont nourris avec des harengs, des anchois, des sardines, des sprats, des merlans bleus…

La farine de poisson est principalement produite par les pays du Nord de l’Europe (Danemark, Norvège, Islande et Angleterre).

Mais on en fabrique aussi en Amérique du Sud (Chili et Pérou) et en Afrique (Gambie).

Au Chili, cette industrie utilise le chinchard, la sardine et le petit maquereau.

Au Pérou c’est principalement avec l’anchois et le petit maquereau.

En Europe, l’industrie de la farine de poisson utilise six espèces pour sa production : hareng, merlan bleu, sprat, lançon, tacaud et capelan.

La production de farine de poisson (FMFO en anglais) atteignit un niveau record en 1994 avec 30,1 millions de tonnes.

Elle avoisine aujourd’hui les 15 millions de tonnes.

Cette farine de poisson sert à l’alimentation des animaux marins (57% pour les poissons et crustacés).

Mais elle sert aussi à nourrir les animaux d’élevages terrestre comme les porcs et les poulets (43%).

Surexploitation des ressources et enjeux

L’aquaculture industrielle perturbe la chaîne alimentaire en prélevant ce que l’on appelle les petits poissons – fourrages.

Ces petits poissons sont un maillon essentiel de la chaîne pour les prédateurs comme le thon, le saumon, la morue, les requins et les baleines.

Ce modèle de développement des élevages en pisciculture a enclenché une surexploitation des stocks des poissons de moindre valeur.

La conséquence de ce système a été une raréfaction des ressources pour les phoques.

Mais aussi pour les autres poissons et même les oiseaux qui ont quitté leurs habitats naturels.

Une bonne pratique tend à se développer avec l’utilisation de nutriments issus des déchets de la découpe (non exploites).

Ces nutriments incorporent une part plus grande de végétaux comme le blé ou le tournesol ou des larves d’insectes.

Ces dernières pourraient être développer avec les déchets agricoles ce qui créerait un circuit de recyclage.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) mise pour 2030 sur une production de 109 millions de tonnes de poissons d’élevage.

Soit 60 % de la consommation mondiale de poisson.

Vecteur de maladies et épidémies

Les formes de pollution par l’aquaculture sont multiples : chimique, organique, bactériologique,…

Les animaux aquatiques d’élevage sont en permanence en contact avec des pathogènes potentiels.

De ce fait, les élevages intensifs favorisent la propagation des maladies entre espèces.

Prendre des mesures efficaces de biosécurité est d’autant plus compliquée que le système d’élevage est ouvert.

Donc, les contacts sont permanents avec le milieu extérieur comme l’eau, les sédiments et les animaux sauvages à l’extérieur de l’élevage.

Les maladies causent des ravages comme au Chili en 2007 qui a vu ses fermes aquacoles décimés.

Le Chili avait un niveau de réglementation et de contrôle insuffisant pour le prémunir des risques biologiques.

Menaces pour les écosystèmes

L’aquaculture a des impacts sur l’environnement car elle pollue avec ses rejets.

Elle rejette ses déchets, ses produits chimiques et ses médicaments dans le milieu naturel.

C’est aussi un bouillon de culture de maladies. Ces maladies se propagent en dehors des bassins de culture et qui contaminent les espèces sauvages.

Pesticides et antibiotiques

La pisciculture repose donc sur une consommation élevée de pesticides, de médicaments et d’antibiotiques (antifongique..).

Ces produits sont donnés aux espèces pour lutter contre les bactéries et les maladies pouvant décimer les élevages.

Les traitements médicamenteux finissent par se diffuser dans l’environnement et créent chez les espèces sauvages une résistance aux antibiotiques.

Cela donne naissance à des super-bactéries capables de provoquer des maladies incurables.

Il s’avère aujourd’hui que la pratique intensive de l’aquaculture entraîne une dégradation des écosystèmes. En raison notamment de l’utilisation de produits chimiques.

Farines animales à base de poisson

L’activité aquacole bouleverse certains pays.

En effet les grands groupes de l’activité aquacole comme Cargill Aqua Nutrition, Skretting, Biomar et Mowi (ex Marine Harvest) achètent des tonnes de farine d’alimentation en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest.

Ces échanges économiques sont un risque pour la sécurité alimentaire des pays concernés (comme la Gambie par exemple).

C’est également un risque pour la santé des écosystèmes locaux.

Et cela en raison à la fois de pratiques de pêche intensive et non durables et à la fois en raison des pollutions causées par les usines de farine de poisson (en particulier avec l’ammoniaque).

Avec un marché de 5,3 milliards d’euros en 2017, les experts escomptent encore une augmentation de la production de farine de poisson.

Elle sera supérieure de 19 % de son niveau de 2016 en 2030. La perspective économique est un marché de 8,9 milliards d’euros.

Prise de conscience

En Afrique, on accuse les entreprises chinoises de ne pas respecter les règles de protection de l’environnement.

Golden Lead, une entreprise chinoise spécialisée dans la production de farine de poisson destinée à la consommation d’animaux d’élevage, s’est installée à à Gunjur (au sud de la capitale Banjul).

Le problème des usines de farine et leurs impacts écologiques ont amené l’Association nationale des opérateurs de la pêche artisanale de Gambie (NAAFO) et l’association des coopératives de tous les pêcheurs de Gambie appuyée par la confédération africaine des organisations Professionnelles de la pêche artisanale (CAOPA) à une conférence en 2019 pour en débattre.

Conseil santé : tous les poissons ne sont pas gras comme le hareng, le maquereau, le thon, la sardine, le saumon et l’anchois.

Ils ne contiennent pas tous d’oméga 3.

Article : P. du Chélas

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L’exposition aux pesticides peut se produire directement dans le cadre de leur fabrication ou de leurs utilisations professionnelles ou domestiques, mais aussi indirectement par l’air et l’alimentation.




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