Céréales et Sécurité Alimentaire
Aujourd’hui l’enjeu mondial est celui de la culture des céréales et de la sécurité Alimentaire dans une période de réchauffement climatique.
Depuis sa sédentarisation, l’humanité fonctionne notamment avec le triptyque terre, semences et grains.
Par contre notre temps actuel est celui de l’anthropocène soit celui des activités humaines faites de machines et de charbon. Puis de pétrole.
Pourtant et malgré tous les progrès, les céréales représentent toujours la base de l’alimentation humaine et animale.
Au niveau mondial, les cinq céréales les plus cultivées sont le blé, le maïs, l’orge, le riz et le sorgho.
Le blé reste d’ailleurs la céréale dominante à côté du riz et du maïs.
Mondialisation préhistorique
Les céréales, et notamment leur culture, sont des outils majeurs de l’alimentaire mondiale.
Et aussi des instruments économiques, politiques et sociales.
Leur importance est telle qu’aujourd’hui on applique des concepts d’hygiène et de sécurité alimentaire.
La raison en est simple : les céréales représentent à elles seules près de 50 % du régime alimentaire mondial.
Ainsi près de quatre milliards de personnes sur terre se nourrissent de céréales. Et pas seulement au petit déjeuner.
La guerre en Ukraine perturbe actuellement l’approvisionnement mondial et de ce fait pointe la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire mondiale.
Et à tout le moins Européenne puisque l’Ukraine est quand même au centre de l’Europe.
Structuration de la culture
Ces quatre sociétés (ABCD) font ainsi transiter 90 % des céréales produites.
Or l’insécurité alimentaire n’est pas un phénomène nouveau pour l’humanité.
C’est d’ailleurs la raison d’être de la FAO.
Évoquer les temps anciens, c’est souvent dire que l’homme préhistorique alors chasseur – cueilleur s’est subitement mis à la culture de céréales.
Il n’en est rien.
La domestication des céréales sauvages s’est faite sur plus d’un millénaire.
Dans son « Essai sur le principe de population » (1798) Malthus évoque que dès l’époque de Platon et d’Aristote, on avait conscience des effets d’une montée trop rapide de la population : pauvreté et misère.
En effet le recours aux céréales sauvages par l’homme façonna l’organisation des sociétés qui disposaient ainsi de réserves alimentaires importantes.
De ce fait les communautés se sédentarisent et les populations augmentent.
En conséquence les ressources se raréfient.
Production
Les céréales se répartissent ainsi sur une très grande aire d’adaptation géographique.
Ainsi dans le monde la culture du blé dur se concentre en Amérique du Nord, en Inde, dans le Centre Est Asiatique et surtout dans le bassin méditerranéen qui fournit 60 % de la production mondiale.
Ironie de la nature en période de réchauffement climatique : les céréales dépendent de la météo comme toutes les cultures agronomiques
Mais d’autres paramètres interférent aussi rapidement dans la production : les techniques agricoles et les outils.
Au cours du Néolithique dans le Sud de la France et en Espagne, les aires de cultures se distinguaient ainsi par les outils :
- Sud-Est de l’Espagne : faucilles courbes avec éléments insérés obliquement dans le manche
- Catalogne, Languedoc et Provence : faucilles avec longues lames emmanchées parallèlement au manche
- Espagne cantabrique : récolte sans faucille
A la même époque, le repiquage du riz s’effectuent le plus souvent à la main et nécessitent beaucoup de main-d’œuvre.
La production de blé dur dans la plupart des pays méditerranéens, demeure nettement en deçà de la demande croissante de la population.
Cela est dû à l’accroissement de la population et au changement des modes alimentaires.
Distribution mondiale
Le marché des céréales dans le monde repose donc sur 4 grandes entreprises que l’on surnomme les « Big Four ».
Ces quatre sociétés (ABCD) font transiter 90 % des céréales produites :
- A : Archer Daniels Midland (ADM) est une multinationale américaine agro-industrielle. Son chiffre d’affaires approche les 80 milliards de dollars.
- B : Bunge est une société américaine dont le chiffre d’affaires approche les 53 milliards de dollars.
- C : Cargill est une société américaine encore dont le chiffre d’affaires doit avoisiner les 153 milliards de dollars.
- D : Dreyfus est un groupe franco suisse dont le chiffre d’affaires est de 60 milliards de dollars.
En terme de sécurité alimentaire, pour de nombreux pays dans le monde, c’est ce marché des céréales aux mains des ABCD qui assure leurs approvisionnement.
Ce marché des céréales est donc des plus stratégiques.
Par contre ce marché s’incruste dans l’économie mondiale et répond à ses modes de fonctionnement :
- Offre et demande
- récolte et météo
- prix de l’énergie
L’atout maître des Big Four réside notamment dans le fait qu’ils possèdent une capacité logistique : il s’agit des moyens stockage et de transports.
Savoir, c’est pouvoir et le pouvoir de stockage signifie plein pouvoir sur le marché des céréales.
Gérer les stocks permet d’influer sur les cours d’autant que les taux de marge à la revente sont faibles : 2 % environ.
La production de céréales et la Sécurité Alimentaire restent donc des enjeux en perpétuel devenir.
Article : P. du Chélas
Svalbard et la réserve de semences mondiale
Économie de marché et science économique
Sécurité énergétique et insécurité économique
Surexploitation des ressources naturelles
OGM : Vérité ou mensonges ?
Semences et Brevets : Patents on Seeds
Ressources en eau de notre planète bleue
Insectes, alimentation et santé
Les algues sont une alimentation d’avenir
Saumons d’élevage dangereux pour la santé
Convention d’Aarhus / UICN / AI Act
Crédits Photos : Pixabay.com
Site web de partage d’images diffusées en licence libre
