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Déforestation et trafic du bois

La déforestation et le trafic du bois représentent une menace qui doit être traitée urgemment.

Depuis la prise de conscience politique quant au rôle des forêts dans notre biosphère planétaire, la gestion durable (ou communautaire) des forêts devient un enjeu dans l’agenda politique.

Heureusement beaucoup de synergies émergent pour lutter contre la dégradation des écosystèmes forestiers.

En effet, la déforestation ne résulte pas que de la seule emprise des terres agricoles ou des gaz à effet de serre.

Un autre phénomène y contribue grandement à savoir celui du commerce du bois.

Vous y participez d’ailleurs activement.

Et nous y participons tous avec nos achats.

Le bois est un matériau naturel.

Il nous rappelle les étendues de forêts sauvages quand les week-end sont pluvieux.

En plus, il est facilement recyclable.

Le bois présente bien sous forme de meubles ou de petits objets dans des magasins soucieux de sauver la planète.

Pour preuve, leur publicité : « Préférer le bois, c’est contribuer à l’avenir de notre planète » .

La réalité est pourtant assez bien différente.

Les bois tropicaux importés en Europe (et en France) proviennent pour 40 % de coupes illégales.

Autrement dit, le bois est volé dans des forets protégées.

Le commerce du bois illégal et les coupes illégales détruisent dans le plus grand silence des forets entières aux quatre coins de notre planète pourtant bien ronde.

Cette pratique est destructive des ressources naturelles et nuit à la mise en œuvre d’un développement durable.

Échelle du problème

Le marché mondial et légal du bois est simpliste.

D’un côté des grandes régions forestières (Amérique du Nord et du Sud, Afrique, Asie du Sud- Est, Europe et Russie) et de l’autre des grands pays consommateurs (Inde, Chine, Europe, Japon et Moyen Orient).

Dans le monde, 200 millions d’hectares de forêts sont certifiées FSC (Forest Stewardship Council).

Ce sont donc des forêts gérées durablement.

Cela représente environ 17 % des forêts de production au niveau mondial.

Au total, 423 millions de m3 de bois sont récoltés par an dans les forêts certifiées FSC.

Cela représente 22,6 % de la production mondiale de bois rond industriel (hors bois de chauffage).

Au niveau mondial, la coupe illégale de bois est l’un des principaux facteurs de la déforestation exponentielle actuelle.

Environ 80 % de l’exploitation forestière au Brésil est illégale.

Mais la forêt d’Amazonie n’est pas la seule à être concernée.

Prés de 30 % du bois mis en vente sur le marché dans le monde provient de coupes illégales.

On estime que ce trafic rapporte aux criminels 13 milliards de dollars par an.

Il s’agit d’une estimation car, de par son caractère, il est difficile de quantifier ce trafic qui se déroule dans la plus grande discrétion aux sons des tronçonneuses.

Avec ce mode de coupes qui permet aussi d’approvisionner le marché légal, intervient la corruption (à haut niveau) et une économie souterraine organisée.

Pourtant les lois existent et il suffirait de les appliquer avec efficacité sans en prendre de nouvelles.

Ainsi, l’Europe interdit toute commercialisation de bois illégal sur son territoire depuis 2013.

Le règlement UE impose aux négociants de vérifier que le bois importé provient bien de coupes légales.

Le règlement demande pour cela aux négociants de faire preuve « d’une diligence raisonnée ».

C’est tout.

Un trafic bien connu

En 2004, 228 000 tonnes de bois rond gabonais, bois exploité illégalement, étaient importés en France.

Ce bois alimentait des grandes enseignes de la distribution comme Auchan, Bricorama, Bricomarché, Castorama, Casino/Géant, Le Cèdre Rouge, Leroy Merlin, Pier Import, Jardiland et Truffaut.

Pourtant, 15 ans plus tard, une autre affaire (Kévazingogate) a mis en évidence la complicité du vice-président et du ministre des Forêts et de l’Environnement gabonais dans un trafic de bois précieux.

Il s’agissait de kévazingo (Guibourtia demeusei) aussi nommé oveng, un bois rare également mystique.

Le Gabon en exporte 18000 m3 chaque année.

Au cœur de ce trafic, figure un homme d’affaires chinois, conseiller juridique pour des entreprises chinoises, dont deux complices ont été arrêtés.

On pense souvent à des pays comme l’Afrique, l’Asie, le Cambodge ou encore le Brésil.

Mais l’Europe est également touché par le phénomène de coupes illégales.

Cela se passe aussi en Bulgarie et en Roumanie où 20 millions de mètres cubes de bois sont coupés illégalement chaque année.

En 2021, la France a connu plusieurs affaires de coupes illégales comme dans l’Ariège où des chênes centenaires furent coupés.

Des exploitants véreux s’installent grâce à des complaisances et exploitent les forêts sans être inquiétés pour fournir des sociétés fantômes.

Autrement dit, des pilleurs exploitent les forêts impunément. Mais pas seulement.

En Roumanie la société autrichienne Schweighofer qui domine le secteur sylvicole fait l’objet d’une particulière attention du gouvernement pour déboisement illégal.

D’ailleurs, la filiale roumaine de Brico Dépôt ne travaille plus avec Schweighofer.

Tous les pays concernés manquent de gardes forestiers.

Mais la finalité est souvent le bois de chauffage également. Et parfois par réelle nécessité pour les gens démunis.

Consommation et utilisation du bois

Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), près de 1,15 milliards d’hectares de forêt sont gérés principalement pour la production de bois et de produits forestiers non ligneux.

Les prélèvements mondiaux de bois sont estimés à 3,97 milliards m3 (2019) dont 45 % pour le bois rond industriel.

A lui seul le commerce du bois représente environ 200 millions de m3 mais seulement 5,2 % de la consommation mondiale.

Les coupes illégales ne servent pas seulement pour le commerce qu’il faut distinguer de la consommation globale.

Les filières du bois sont nombreuses et multiples :

  • Bois de chauffage
  • Bois rond industriel
  • Charbon de bois
  • Granulés de bois et autres agglomérés
  • Panneaux à base de bois
  • Papier de récupération
  • Papiers et cartons
  • Pâte pour papier
  • Sciages

En Europe, la Suède, avec 1 % de la forêt mondiale, découpe 80 millions de mètres cubes par an.

Elle produit ainsi 15 % du bois récolté en Europe et représente à elle seule 10% des exportations mondiales.

La France possède la quatrième plus grande forêt d’Europe et représente 2,60 % du marché mondial.

En 2019, la production de bois ronds sur écorce fut de 38,1 millions de m³.

Mais la forêt française se compose au trois quarts de feuillus. Elle doit donc importer.

Ainsi, en 2019, la France a importé 2,8 millions m3 de bois sous forme de sciages (en 2019), 1,2 millions m3 de panneaux de fibres de bois et 1,44 million de m3 de bois rond.

L’utilisation en bois – énergie représente une production de 114 térawattheures (TWh) soit 35,8 % de la production primaire renouvelable (2019).

Article : P. du Chélas



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