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L’arme chimique refait surface en mer

L’arme chimique refait surface en mer de nos jours.

Des tonnes de munitions de tout type furent en effet immergées après chaque conflit.

Ainsi les Alliés ont mis par le fond après 1945 des munitions au large des côtés de la Manche, de la mer du Nord et de la mer Baltique.

Dans ces munitions, 1% d’engins contiennent du gaz moutarde, du perchlorate, du chlore et de l’arsenic ou encore du mercure et du plomb.

Après chaque conflit, les militaires se débarrassent souvent des armes restantes dans des étendues d’eau, océans et autres.

Sans oublier qu’ils en perdent beaucoup aussi.

Réalité et enjeux

Après la 2° guerre mondiale, les vainqueurs (États-Unis, Angleterre, France et URSS) se retrouvent avec le stock des munitions chimiques laissé par les nazis.

Ce stock, d’un volume de près de 300 000 tonnes, comprenait notamment 65 000 tonnes de substances toxiques à usage militaire avec 14 types d’agents chimiques toxiques :

  • 39 % d’ypérite (gaz moutarde)
  • 18 % de tabun (un agent neurotoxique)
  • 11 % de gaz lacrymogène
  • 9 % de phosgène (un gaz suffocant)

De nos jours, le problème de ces armes et munitions gisant sur les fonds marins concerne tous les océans.

Mais pas seulement.

Des caisses de munitions se trouvent aussi dans le Lac Leman près de Genève.

La problématique aujourd’hui, c’est la dégradation par corrosion de l’enveloppe protectrice de ces munitions de guerre.

Cette corrosion de l’enveloppe des munitions engendre un retour des produits chimiques dangereux et immergés.

Et de ce fait l’arme chimique refait surface en mer, là où se baignent les touristes qui sont à la plage.

Épaves des navires de guerre

Le problème des munitions immergées ne concernent pas que l’après guerre.

En effet, comme pendant tout conflit, des navires de guerre et des cargos coulent (comme le SS Richard Montgomery).

La perte des navires résultaient soit d’accidents soit d’attaques.

Et leurs cargaisons chimiques s’éparpillaient en mer.

De même à ces pertes s’ajoutent celles des avions et des sous – marins perdus sans localisation précise.

Les 4118 épaves recensées comme épaves de guerre, comportent aussi 43 sous-marins.

Toutes ces épaves résultent des deux guerres mondiales et renferment potentiellement des cargaisons de substances toxiques.

Soit en raison de leurs propres munitions à bord soit des cargaisons qu’ils transportaient.

Des composés toxiques ou écotoxiques entrent dans la fabrication des munitions de guerre ; le plomb, le mercure et l’arsenic.

Ces produits ne sont ni dégradables ni biodégradables.

Par contre, le TNT et le perchlorate sont lentement dégradables.

Ainsi des archéologues pensent avoir retrouvé la trace de l’USS Johnston (DD-557).

C’est un destroyer de classe Fletcher de la marine américaine.

Il coula en 1944 lors de la bataille au large de l’île de Samar avec toutes ses armes et munitions.

Cas des immersions en mer

Depuis 1998, la Convention OSPAR (pour Oslo-Paris) organise la coopération internationale dans ce domaine.

Elle se charge de la protection du milieu marin.

Et aussi de la prévention de la pollution marine par les opérations d’immersion en Atlantique du Nord-Est (dont la Manche et la mer du Nord).

Son secrétariat recense officiellement 148 sites d’immersions en Europe.

Sites marins épars

Après la 2° guerre mondiale, les Américains firent couler des navires allemands remplis de munitions en mer du Nord.

Ainsi Il existe au moins une cinquantaine de sites d’immersion dans cette mer.

L’OSPAR évalue à 300 000 tonnes, le stock de munitions immergées de la mer du Nord.

Ces immersions s’alignent au large d’Ambleteuse, de Dunkerque, de Gravelines, de Calais, de Boulogne-sur-mer, Dieppe et de Cherbourg.

Danger réel de pollution

À l’époque, l’immersion en mer représentait la solution la moins dangereuse pour traiter et éliminer des quantités considérables de munitions non utilisées.

C’était surtout la moins coûteuse. En plus on ne se souciait pas que l’arme chimique refait surface en mer.

A titre d’exemple, quand les Anglais reprennent Singapour, ils découvrent des stocks de munitions de l’armée japonaise.

Les Anglais n’hésitent pas à s’en débarrasser en mer au large de Singapour.

En Belgique, le banc de sable de Paardenmarkt, au large de Knokke-le-Zoute, recèlerait ainsi 35000 tonnes de munitions (immergés entre 1919 et 1920).

Au menu, gaz moutarde, phosgène et chloropicrine.

La zone est interdite sur 3 kilomètres carrés.

Elle comprend aussi aux alentours 140 épaves de navires et d’avions de guerre.

Dans le passage maritime Skagerrak entre le Danemark, la Suède et la Norvège, l’estimation est de 150 000 tonnes de munitions au fond de la mer.

De même en 1944, le cargo Richard Montgomery, un Liberty ship, coula dans l’estuaire de la Tamise, près de l’île de Sheppey, sur la côte est de l’Angleterre.

Il emportait alors 6 400 tonnes d’explosifs à bord dont 2 000 bombes à fragmentation.

A cela s’ajoutait aussi 600 bombes de 500 livres (226,8 kg) dont des bombes au phosphore.

Nos rivières et nos lacs ne doivent pas être oubliés.

Dans l’ancienne carrière inondée d’Avrillé, près d’Angers gisent 7 000 tonnes de munitions.

Dont quatre millions de grenades.

La carrière est aujourd’hui un beau lac bleu du Maine-et-Loire.

Problème du risque chimique

Le long du littoral, des munitions chimiques se désagrègent chaque jour.

La corrosion attaque 70 % des épaves dans les eaux européennes. En 1997, 24 accidents graves sont survenus en Pologne.

Des pêcheurs retrouvèrent ainsi une masse de gaz moutarde dans leurs filets.

De même des pêcheurs de l’île de Bornholm (Danemark) découvrent un jour dans leurs filets des bombes chimiques (gaz moutarde).

Ils seront aussi gravement brulés.

Le danger est réel quand l’arme chimique refait surface.

Corrosion marine des munitions

La corrosion marine ronge le métal à raison de 0,01cm par an.

Depuis 1914, l’épaisseur des coques les navires de guerre diminuent de 1,06 cm (0,80 cm pour ceux de 1940).

Cette corrosion des coques de navires, vaut également pour les obus et les bombes de la même époque qu’ils peuvent contenir.

Ainsi l’arme chimique refait surface en mer doucement.

Entre 1992 et 2004, les sismographes du Bureau géologique britannique (BGS pour British Geological Survey) détectèrent 47 explosions dans la fosse de Beaufort.

Cette fosse, située entre l’Écosse et l’Irlande, est large de 3 Km sur une longueur de 50 Km.

Sa particularité est de contenir les sous-marins allemands capturés et sabordé par les Anglais.

Elle contient ainsi un million de tonnes de bombes, d’obus, de mines, de grenades et de balles diverses.

On l’a oublié mais en 1995, plus de 4500 bombes incendiaires au phosphore s’échouèrent sur les plages écossaises.

Et cela suite à la pose d’un gazoduc qui avait remué le fond marin entre le Royaume-Uni et l’Irlande.

Millions de tonnes de munitions

L’O.I.A.C (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) considère de son côté que l’estimation des armes conventionnelles et chimiques serait de l’ordre de centaines de milliers de tonnes dans l’ensemble des océans.

Et non pas de millions de tonnes.

En tout cas, les risques sont énormes : explosions, pollutions mortelles, fuites toxiques ou encore contamination de nos chaînes alimentaires.

Le projet de recherche CHEMSEA (Chemical Munitions Search & Assessment) explora de 2011 à 2013 trois fosses de la mer Baltique dans lesquelles des munitions chimiques furent immergées : Bornholm Deep, Gotland Deep et Gdansk Deep.

Imaginons un instant de l’ypérite (gaz moutarde) se dissoudre dans l’eau de mer et y faire une sorte de pâte jaune.

L’inquiétude viendrait alors surtout de savoir si les poissons aiment la pâte jaune car l’ypérite modifie l’ADN.

Notre écosystème est vieux de plusieurs milliards d’années.

Sa plus grande menace aujourd’hui est environnementale si l’arme chimique refait surface.

Et non plus seulement militaire.

Article : P. du Chélas

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