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Néonicotinoïdes et insecticides

Les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides qui comprend notamment sept molécules dérivées de la nicotine.

Ces substances insecticides sont aussi dites systémiques.

On les utilise en agriculture pour protéger les cultures des ravageurs.

Par exemple, on s’en sert pour lutter contre le puceron vert et donc la jaunisse dans les cultures de betteraves.

Par contre, les Néonicotinoïdes servent aussi en tant que biocides et médicaments vétérinaires.

En 2023, la justice européenne vient enfin de trancher définitivement.

En effet, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) juge illégales les dérogations octroyées à des pesticides interdits comme les néonicotinoïdes

Pesticides et insecticides agricoles

Un pesticide est un produit phytopharmaceutique qui agit sur les fibres nerveuses de l’organisme.

En France, le terme pesticide correspond ainsi en droit aux « produits anti – parasitaires à usage agricole ».

Mais cette qualification est progressivement remplacée par l’appellation communautaire de « produits phytosanitaires ».

Les produits phytosanitaires prennent aussi l’appellation produits phytopharmaceutiques.

Il existe trois grandes sortes de pesticides : les herbicides, les fongicides et les insecticides.

Grâce aux travaux scientifiques, on sait que l’usage des pesticides, des néonicotinoïdes et des insecticides systémiques est dangereux pour la biodiversité.

Néonicotinoïdes dans l’agriculture

Cette famille de d’insecticides comprends les néonicotinoïdes nitrométhylène, pyridylméthylamine et nitroguanidine :

Néonicotinoïdes nitrométhylène :
  • nitenpyrame
  • nithiazine
Néonicotinoïdes pyridylméthylamine :
  • acétamipride
  • cycloxapride
  • imidaclopride
  • nitenpyrame
  • paichongding
  • thiaclopride
Les Néonicotinoïdes nitroguanidine :
  • clothianidine
  • dinotéfurane
  • imidaclopride
  • imidaclothiz
  • thiaméthoxame
Les néonicotinoïdes perturbent le sens de l’orientation, de la mémoire et de la capacité de reproduction des pollinisateurs.

C’est le cas avec les abeilles, les papillons et les bourdons.

L’Union Européenne avait autorisé cinq substances actives d’insecticides de la famille des néonicotinoïdes.

Cette autorisation ne valait en effet uniquement que pour des usages phytopharmaceutiques après un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) :

  • acétamipride,
  • clothianidine,
  • imidaclopride,
  • thiaméthoxame,
  • thiaclopride.

Pour l’utilisation, il existait des restrictions pour les 3 dernières substances.

Ces restrictions devaient protéger les abeilles dont les essaims sont ravagés par ces produits.

L’introduction des néonicotinoïdes comme pesticides en France date de 1994 et leur commercialisation est faite par les géants de l’agrochimie comme Bayer et Syngenta.

Dès les premières autorisations d’utilisations, des inquiétudes émergeaient d’ailleurs dans plusieurs pays d’Europe.

On craignait déjà un possible impact sur la santé des abeilles et également des pollinisateurs comme les papillons.

En 2013, la Commission européenne restreignait, sans interdire complètement, l’usage de trois des molécules des néonicotinoïdes.

La restriction visait les cultures visitées par l’abeille, comme le colza, le tournesol et le maïs.

En 2014, les néonicotinoïdes représentaient ainsi 25 % du marché mondial des pesticides.

Et ils restent la catégorie d’insecticides la plus vendue sur la planète.

La loi « Pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » (8 août 2016) prévoit l’interdiction des produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives de la famille des néonicotinoïde (article 125).

Depuis le 1° septembre 2018, une loi interdit ainsi les semences traitées avec ces produits.

Cette même loi prévoyait malgré des dérogations possibles jusqu’au 1° juillet 2020.

Ce sont les autorisations prises avec ces dérogations qui vont amener la justice européenne à trancher définitivement.

Ravages des néonicotinoïdes sur les insectes

Sans tuer directement les insectes, les substances actives des néonicotinoïdes altèrent notamment leurs systèmes nerveux.

Neurotoxiques pour les insectes, l’imidaclopride est ainsi 7000 fois plus toxique pour les abeilles que le DDT.

Les néonicotinoïdes impactent aussi toute la plante et même le pollen dont se servent les insectes et les abeilles.

Cela intoxique les insectes.

Mais les insectes ne sont les seules victimes.

La contamination touche également les oiseaux avec la raréfaction des insectes touchés par le pesticide.

Une étude américaine met aussi en évidence que l’utilisation des néonicotinoïdes engendre une baisse des espèces d’oiseaux.

La corrélation établit une baisse de 2,2 % de la population d’oiseaux des milieux agricoles.

Et également une baisse de 1,4 % des autres espèces (étude de Madhu Khanna de l’Université de l’Illinois).

L’étude établit d’autre part que de 2008 à 2014, la baisse est de 9,7 % des populations pour 100 kg de néonicotinoïdes supplémentaires.

Les néonicotinoïdes provoquent ainsi des ravages chez les oiseaux avec l’ingestion de semences enrobées de néonicotinoïdes.

On les utilise de façon systémique (enrobage de la graine).

De ce fait, les néonicotinoïdes affectent durablement les eaux et les sols qu’ils polluent avec les semences cultivés.

Entre 2000 et 2003, des prélèvements faits par des chercheurs relevaient des teneurs fortes en imidaclopride sur des plants de maïs.

Les teneurs moyennes étaient comprises de 2,1 ppb dans le pollen, de 6,6 ppb dans les fleurs mâles et de 4,1 ppb dans les tiges et les feuilles.

L’imidaclopride, qui fait partie partie des chloronicotinyles, est la substance active du Gaucho (pour traiter les céréales), du Confidor (pour traiter les arbres fruitiers), du Provado (pour traiter les jardins), du Advantage (contre les puces et les tiques pour les chiens et les chats), et du Premise (contre les termites et les cafards).

Mise en œuvre par les agriculteurs

En France, les néonicotinoïdes sont surtout utilisés en enrobage de semences.

A l’inverse la plupart des insecticides sont pulvérisés directement sur les plantes.

L’enrobage permet aux néonicotinoïdes de circuler dans la plante tout au long de sa croissance.

La semence contient en effet déjà la molécule insecticide qui se répand de la feuille à la tige jusqu’au pollen et au nectar.

Les betteraviers français font face à une crise inédite avec le virus de la jaunisse qui est transmis par les pucerons verts.

Pour ne pas perdre la place de premier producteur de sucre européen, le gouvernement concédait aux betteraviers une dérogation pour utiliser de nouveau les néonicotinoïdes.

Inutile de préciser que les défenseurs de l’environnement étaient furieux.

D’autant que les producteurs de maïs voulaient eux aussi une dérogation pour utiliser des néonicotinoïdes.

Les apiculteurs, défenseurs des abeilles principales victimes des néonicotinoïdes, voient dans cette manipulation une véritable faiblesse.

Pourtant la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait salué la loi de 2018.

Droit et justice européenne

Il fallait que la justice européenne s’impose pour que la France renonce en 2023 aux insecticides néonicotinoïdes.

Le ministre de l’agriculture était déjà favorable à une nouvelle dérogation pour la troisième année consécutive en 2023.

La France doit en effet cesser de satisfaire certains lobbys par voie dérogatoire

Les enjeux économiques furent souvent mis en avant pour lutter contre un petit puceron.

Comme souvent, le gouvernement va mettre en place un fonds d’indemnisation en cas de pertes de rendement pour la prochaine saison.

Reste à observer si comme d’habitude l’Allemagne va s’affranchir des règles car elle conserve une autorisation pour un néonicotinoïde.

Coïncidence, la CJUE rendait sa décision le 19 janvier 2023, jour de la réunion du conseil de surveillance devant aussi instruire les demandes de dérogation d’usage.

Le conseil de surveillance était déjà favorable à une nouvelle dérogation.

Article : P. du Chélas

Neonicotinoids and decline in bird biodiversity in the United States – Yijia Li, Ruiqing Miao & Madhu Khanna – Nat Sustain (2020).


Abeilles et néonicotinoïdes

Canada : abeilles et néonicotinoïdes

Disparition des insectes

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