Singapour et son Port Tuas
Singapour et son Port Tuas vont faire un bond en avant de 20 ans avec pour objectif une capacité dépassant celle des terminaux portuaires actuels.
Ainsi les travaux en cours vont augmenter les EVP (équivalent vingt pieds) de plus de 15 millions.
Cette ambition fait partir du projet Tuas Mega Port.
Les ports actuels de Singapour représentent 130000 escales de navires par an (2019).
Ils relient plus de 600 ports dans plus de 120 pays et le transit représente 90 pour cent des conteneurs de marchandises.
Industrie florissante
Pour l’île de Singapour, l’activité maritime constitue 7% de son PIB et fournit 170000 emplois.
Et cette activité regroupe 5000 établissements maritimes.
Pour poursuivre le développement de son industrie maritime Singapour va ainsi investir 20 milliards de dollars dans un nouveau port.
En effet Singapour vise une augmentation de son fret portuaire.
Pour cela le gouvernement va tout simplement déplacer ses opérations portuaires à conteneurs en construisant un nouveau port intelligent de nouvelle génération.
Son plan économique prévoit d’augmenter la productivité et d’améliorer la sûreté et la sécurité.
D’autre part le projet va surtout permettre des économies d’échelle avec la réduction du transport inter-terminaux des conteneurs.
Cela va réduire les coûts d’exploitation.
Ainsi le gouvernement va récupérer les territoires de front de mer de Pasir Panjang et de Tanjong Pagar. Ils serviront pour un nouveau développement résidentiel et économique.
Emprise sur la mer
La cité-État de Singapour gagne régulièrement du terrain sur la mer pour s’agrandir grâce à la poldérisation.
Mais pas seulement car elle en gagne aussi en hauteur avec ses gratte-ciels et en profondeur dans son sous-sol.
Pour cela Singapour utilise massivement du sable pour faire du béton. Et donc aussi à l’eau.
Ainsi l’île de Singapour d’une surface de 527 km2 en 1965 est passée à 674 km2 en 1998 et à 721 km2 en 2019.
Soit un agrandissement de 20 % en 40 ans.
Ce développement colossal n’est pas sans conséquences pour l’environnement.
En effet pour se développer Singapour doit importer des quantités gigantesques de sable ; près de 520 millions de tonnes de sable en 20 ans.
Ce sable, indispensable pour ses chantiers de construction, lui est fourni par ses pays voisins ; Cambodge, Indonésie, Malaisie et Thaïlande.
Mais des tensions émergent actuellement sur la zone.
Les pays fournisseurs de sable connaissent des problèmes géologiques en se dépossédant de leurs sables maritimes.
Les tensions interviennent alors que Singapour veut encore s’étendre de 100 km2 d’ici 2030.
Une vingtaine d’îles indonésiennes ont disparu de la surface de la terre pour fournir ce sable.
Encore une activité humaine préjudiciable à l’environnement.
Depuis, Jakarta interdit toute exportation de son sable et Singapour approvisionne au Cambodge.
Le Méga Port
Pour commencer son projet Tuas Mega Port, Singapour fabriqua 222 caissons de béton de 15 000 tonnes chacun.
Chaque caisson de 28 m de haut (dix étages) servit à former une digue dans le détroit de Malacca.
Pour les remplir, l’ingénierie s’est servi des matériaux de dragage provenant du chenal et du bassin.
Cette digue de 8,6 km de long, construite à l’extrême ouest de Singapour, sert à protéger le nouveau port.
Le port de Tuas se trouve à l’ouest de l’île et sa zone est prise sur la mer depuis 2016.
Le futur terminal comptera au total 66 quais sur une longueur de 26 km.
Cette nouvelle capacité va doubler le flux actuel des 1000 navires journaliers et le fret des 37 millions EVP (équivalent vingt pieds) de 2021.
La première tranche du projet vient d’être inaugurée le 1 septembre 2022 avec 21 postes d’amarrage en eau profonde.
Cette tranche permet déjà un volume de 20 millions d’unités équivalentes 20 pieds (TEU) annuel.
Cela représente un chiffre d’affaires de 1,76 milliard de dollars.
Singapour et son Port Tuas visent les 65 millions EVP quand la quatrième et dernière tranche sera terminée.
Le nouveau Tuas Terminal regroupera l’activité de cinq ports actuels et dépassera les 50 millions actuels.
Article : P. du Chélas
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