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Facebook Files : Facebook et Instagram en justice

19/11/202306/11/2023 Philippe du Chélas

Aux États-Unis, après la Facebook Files, quarante États attaquent Facebook et Instagram en justice au motif que ces plateformes nuisent à la santé.

Merci Mde Frances Haugen d’avoir fourni les documents prouvant les dangers des plates-formes Facebook et Instagram.

Outre que ces documents en révèlent les dangers, ils révèlent aussi que les plates-formes ont volontairement incité les plus jeunes à les utiliser de manière addictive et compulsive.

Selon Vivek Murthy, le médecin-chef des États-Unis, il en va de la santé mentale des jeunes.

Le problème se situe d’ailleurs entre une prolifération du cyberharcèlement et une modération quasi inexistante.

Mais il s’agit aussi de l’explosion de contenus violents et une culture du corps.

Meta et Méga profits

Le comble de l’affaire Facebook Files se trouve aussi dans les propres études internes de Facebook.

Celles-ci démontrent que Instagram peut avoir des conséquences néfastes.

Et notamment sur l’image et la santé mentale de ses utilisateurs les plus jeunes.

Très clairement une analyse des documents de Facebook par le Wall Street Journal pointe du doigt que les recommandations émises en interne par les propres chercheurs de Facebook ne furent que rarement appliquées.

L’un des points d’alerte est le risque de catalyser de potentiels mal-être notamment chez les adolescents et spécifiquement avec Instagram.

En effet sur Instagram la beauté et l’embellissement des images pour donner une meilleure image possible de soi et de sa vie est plus prégnant que sur d’autres applications populaires.

Curieusement sur TikTok et Snapchat la tendance est moindre avec notamment l’utilisation des filtres employés de manière loufoque.

De surcroît en 2019, une information en interne de Instagram reconnaissait que l’application aggravait le rapport à son corps d’une adolescente sur trois.

La plainte des États américains du 24 octobre 2023 contre le géant des réseaux sociaux Meta prend ainsi trois aspects :

Facebook et Instagram nuisent à la santé mentale et physique de la jeunesse
Facebook et Instagram piégeaient les jeunes et les adolescents afin de faire des profits avec des technologies puissantes
Meta faisait passer ses profits avant la sécurité de ses utilisateurs.

Facebook Files

A l’origine l’ingénieure Frances Haugen, ex-employée de Facebook depuis 2019, n’était pas une lanceuse d’alerte.

Cette scientifique des données et gestionnaire de projets occupait d’ailleurs un poste relatif à la désinformation liée à la politique et à la société.

Mais elle finira par donner l’alerte en 2021 sur les pratiques de son entreprise.

Et cela en divulguant plus de 20 000 pages de documents internes.

Elle adressa alors toutes ces notes interne à la Securities and Exchange Commission (SEC) et au Wall Street Journal.

C’est elle qui révélera ainsi que Meta faisait passer ses profits avant la sécurité de ses utilisateurs en les incitant à utiliser les plates-formes de manière compulsive et prolongée.

En 2022, Mde Frances Haugen créera l’ONG Beyond the Screen avec pour objectif d’assainir les réseaux sociaux.

Il s’agit pour elle d’aider les utilisateurs à reprendre le contrôle de leur expérience sur les réseaux sociaux.

De son côté Mark Zuckerberg considère que cette affaire vise à donner une fausse image de son entreprise.

Mais dans l’immédiat les documents du Facebook Files ont permis à quarante États de fonder une action en justice.

Ces documents mettaient en lumière qu’Instagram crée des problèmes de dépendance chez les jeunes et impacte l’image et l’estime de soi.

Dans la course à la concurrence, Instagram avait reproduit le système des « Reels » de Tik Tok pour accrocher l’attention de ses utilisateurs et les garder en ligne plus longtemps.

En attendant l’ONG Beyond the Screen va créer une base de données en open source pour documenter les manquements légaux et éthiques des grandes plateformes et identifier des solutions.

Sinon on a découvert que le design des plateformes et les algorithmes servent à capter notre attention.

Article : P. du Chélas