Plastique et Norme EN13432

30/06/202331/08/2023 Philippe du Chélas

Le plastique doit se recycler selon la norme EN13432.

Un matériau plastique est en effet composé de molécules appelées polymères.

Mais on ajoute aussi des additifs à ces polymères. Ainsi grâce à ces additifs, certains polymères présentent la propriété d’être biodégradables.

Pour éclaircir le sujet, le terme “bio plastique” ne correspond à ce jour à aucune définition normée. Ce n’est qu’un terme de marketing.

De nos jours, les termes biodégradables, biodégradation, compostables et autres sont à la mode.

Mais ils sont fréquemment employés à mauvais escient ce qui crée beaucoup de confusion dans les esprits.

En cela la norme NF EN13432 (JOCE du 12 juillet 2001) clarifie pour l’ensemble de l’Europe la nature des produits et leurs propriétés admises.

Cette norme EN13432 est notamment relative à l’une des exigences pour le plastique de la Directive 94/62/CE.

La norme NF EN 13432 définit les caractéristiques que doit posséder un matériau ou un produit (et donc le plastique) pour être considéré comme compostable et biodégradable.

D’ailleurs son intitulé exact est : “Caractéristiques des emballages valorisables par compostage et biodégradation – Schémas d’essai et critères d’évaluation pour l’acceptation finale des emballages”.

La norme fixe des exigences pour définir clairement les concepts de plus en plus diffus mais pas toujours très explicites comme : biodégradation, compostabilité, matériaux biodégradables et matériaux compostables.

Il est à noter aussi l’existence d’une norme NF T 51-800 (2015) avec les spécifications pour les plastiques aptes au compostage domestique.

Biodégradation

La biodégradation correspond à la décomposition d’un matériau sous l’action de micro-organismes.

Cette décomposition peut ainsi être anaérobie (sans oxygène) ou aérobie (en présence d’oxygène).

La décomposition correspond donc à la fragmentation du produit et son assimilation sans danger pour l’environnement.

Pour appréhender le concept, il faut aussi prendre en référence la matière organique.

Celle – ci se décompose dans naturelle dans l’environnement sous l’action des micro-organismes que sont par exemple les algues, les champignons et surtout les bactéries.

Cette décomposition est sans effet sur l’environnement même si la matière produit du CH4 (méthane), du Co2 (dioxyde de carbone) et de l’eau en se décomposant.

Par contre cette décomposition nécessite un environnement favorable : température, d’humidité, lumière, oxygène, ..).

Pensez à la banane qui se conserve très bien dans une atmosphère inerte.

Ainsi une feuille morte est qualifiée de biodégradable car elle se décompose en quelques semaines.

Une bouteille en plastique n’est absolument pas biodégradable car elle met plus de 400 ans à se décomposer.

L’étiquette “biodégradable” sur un produit n’indique en rien sa vitesse de dégradation et ne mentionne pas les conditions nécessaires pour se “bio -dégrader ».

Le terme “biodégradable” ne certifie d’ailleurs en rien que le produit peut être jeté dans la nature sans conséquences.

Le terme “compostable” correspond à des normes relatives à la non toxicité d’un matériau décomposé.

Et cela dans l’hypothèse ou il se retrouve dans la nature (volontairement ou non).

La désintégration correspond à l’aptitude du produit de se fragmenter sous l’effet du compostage.

Compostabilité

La définition des critères de compostabilité du plastique est déterminante pour la Norme EN13432

En effet, les matériaux non compatibles et mélangés dans le compostage affectent la qualité finale du compost.

C’est le cas des matériaux contaminés par des métaux lourds, des plastiques traditionnels et du verre qui polluent le composte final.

C’est en cela que la norme EN 13432 définit les caractéristiques précises qu’un emballage doit posséder pour être appelé compostable.

Matériaux biodégradables

Un matériau biodégradable n’est pas nécessairement compostable.

Pour être compostable, il doit se désintégrer pendant un cycle de compostage.

Ainsi un matériau qui se brise lors d’un cycle de compostage en morceaux microscopiques (non biodégradables) n’est pas compostable.

Un emballage certifié compostable basé sur la norme EN13432 est donc biodégradable et compostable.

Matériaux compostables

Selon la norme EN 13432 pour être compostable un emballage doit avoir les caractéristiques suivantes :

Biodégradabilité : conversion métabolique du matériau compostable en dioxyde de carbone.

Cette propriété se mesure avec une méthode d’essai standard : norme EN 14046 également publiée sous l’ISO 14855 (biodégradabilité dans des conditions de compostage contrôlées).

Le niveau d’acceptation à atteindre en moins de 6 mois est de 90% (par rapport à la cellulose).

Désintégration : fragmentation et perte de visibilité dans le compost final (absence de contamination visuelle).

Cette propriété se mesure avec un test de compostage à l’échelle pilote (EN 14045).

Test de compostage

On composte des échantillons du matériau à tester avec des déchets organiques pendant 3 mois.

À la fin, il faut tamiser le compost avec un tamis de 2 mm.

La masse du matériau d’essai dont les dimensions sont supérieures à 2 mm doit être inférieure à 10% de la masse initiale.

Qualité du compost final et écotoxicité :

Le matériau doit être exempt d’effets négatifs et il ne doit pas altérer le processus de compostage.

La qualité du compost final ne doit pas être modifiée par les matériaux d’emballage ajoutés au compost.

En plus elle ne doit pas être dangereuse pour l’environnement.

Cette propriété se mesure avec un test de compostage sur une échelle pilote.

La norme impose de réaliser des tests éco – toxicologiques sur le compost final.

Et elle exige une performance supérieure à 90% de celle du compost témoin correspondant.

Faibles teneurs en métaux lourds :

La concentration en métaux lourds doit être faible .

Les quantités doivent être inférieures aux valeurs maximales prédéfinies) et sans effets négatifs sur la qualité du compost (exemple: réduction de la valeur agronomique des effets éco – toxicologiques sur la croissance des plantes).

Cette propriété se mesure avec un essai de croissance des plantes (essai OCDE 208 modifié). L’essai s’effectue sur des échantillons de compost où la dégradation du matériel d’essai a eu lieu.

On ne doit donc détecter aucune différence avec un compost de contrôle.

Respecter les limités établies pour les concentrations de pH, de teneurs en sel, de matières solides volatiles, d’azote, de magnésium, de phosphore et de potassium

Exigences de la norme EN13432

La norme EN13432 est une déclinaison de la Directive 94/62/CE relative aux emballages et déchets d’emballage. Elle impose clairement les caractéristiques des matériaux.

Schématiquement, elle impose les conditions suivantes:

1. atteindre 90% de biodégradation en moins de 6 mois
2. avoir une masse de matériau constituée au moins de 90% de résidus inférieurs à 2 mm de diamètre au contact de déchets organiques pendant 3 mois
3. avoir une teneur en sels minéraux dans les limites établies
4. n’avoir aucun effets négatifs sur le processus de compostage
5. posséder une faible concentration en métaux lourds
6. posséder une concentration en éléments solides volatiles dans les limites établies
7. respecter les limites établies pour les teneurs de pH
8. respecter les limites établies pour les concentration en azote, phosphore, magnésium et potassium

Par contre, la norme EN13432 se concentre sur la biodégradabilité du matériau sans s’intéresser aux matières premières.

Plusieurs normes

Même si les matériaux d’un emballage sont d’origine biologique et fabriqués à partir de biomatériaux, ils ne sont pas forcement eux mêmes biodégradables.

Les emballages plastiques connaissent ainsi plusieurs normes environnementales : internationales, européennes et françaises.

D’autres normes existent ainsi que des labels qualité comme :