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Gruyère américain

L’affaire du gruyère américain, outre le fait qu’elle soit risible, démontre l’hégémonie d’une puissance économique qui instrumentalise le droit à son seul profit face à l’Europe.

En effet, les États-Unis possèdent maintenant aussi le droit d’utiliser le terme « Gruyère » pour nommer le « fromage » qu’ils fabriquent.

L’affaire n’a pas parcouru le Salon de l’agriculture à Paris malgré l’agitation dans les allées.

D’ailleurs tout n’est pas crémeux dans le monde du gruyère si on creuse un peu.

Les lois sur les appellations d’origine géographique sont différentes en Europe et aux États-Unis.

L’Union Européenne qui fait toujours grand cas de ses normes et de ses labels va-t-elle se battre pour les défendre aux États-Unis, en Australie ou même en Nouvelle Zélande.

La question se pose.

Il suffit d’un juge d’appel américain de Richmond en Virginie pour balayer des règles internationales en 2023.

C’est en appel que les organisations suisses et françaises des filières fromagères se sont ainsi pris cette énorme claque.

En effet l’Office américain des brevets et des marques (USPTO) venait de rejeter la demande d’inscrire le terme gruyère au registre américain des marques certifiées.

Cette demande émanait de l’Interprofession du Gruyère (Suisse) et le Syndicat interprofessionnel du Gruyère (France).

Saisi, le juge d’appel considère alors tout bonnement que le Gruyère est une appellation courante aux États-Unis.

Pour le juge américain, Gruyère est un nom commun et peu importe son origine.

Gruyère est donc un nom générique et nullement une marque ou un fromage spécifique originaire de Suisse ou de France.

Si on scrute le marché Suisse, la situation est d’ailleurs paradoxale.

En effet, 10 % du gruyère produit en Suisse s’exporte vers les États-Unis (4000 tonnes sur 32 000 tonnes).

Là-bas, l’Emmental se baptise d’ailleurs Swiss Cheese.

Ce qui le distingue du Wisconsin Gruyère de la fromagerie Cheese Brothers de Barron.

Mais au pays de l’Oncle Sam il n’existe pas de protection forte de la marque Gruyère Switzerland.

Le bon fromage Suisse y fait ainsi l’objet d’une concurrence sévères du gruyère américain local dans le Wisconsin.

Mais pas seulement une concurrence des pâles copies américaines d’ailleurs.

Des fromages à trous venant d’Allemagne, d’Autriche, du Danemark et de Finlande n’hésitent pas non plus à s’étaler au rayon gruyère.

On les reconnaît avec l’étiquette fromage de style alpin.

Mais une autre surprise attend les amateurs car la vente propose aussi un gruyère du Wisconsin affiné par une filiale du groupe Emmi basée à Monroe.

Il se nomme d’ailleurs « Grand Cru Gruyère » en bon français au pays du chewing-gum et du Cheddar Gruyere.

Or le groupe Emmi (Emmi-Roth) n’est autre qu’un géant suisse de la transformation du lait.

La ménagère de 50 ans américaine peux ainsi choisir entre un morceau de Gruyère AOP de Suisse et sa copie presque Suisse également.

En Europe, le Gruyère AOP détient son AOC depuis le 6 juillet 2001 (Appellation d’Origine Contrôlée).

Cette appellation est reconnue à l’échelon européen depuis décembre 2011 et sa dénomination est devenue « Appellation d’Origine Protégée ». 

L’AOP garantit ainsi l’authenticité des produits élaborés selon un savoir-faire traditionnel.

Par contre aux États-Unis le terme gruyère fait plus référence à un type de fromage ce qui rend le terme générique.

D’ailleurs l’association américaine d’exportations des produits laitiers (U.S. Dairy Export Council) et l’Interprofession du Gruyère (IPG) s’opposaient depuis toujours à la labellisation de la marque Gruyère déposée en 2013 aux États-Unis.

En plus l’Indication géographique protégée (IGP) n’existe pas aux États-Unis tout comme en Australie.

L’agence américaine Food and Drug Administration (FDA) ne fait pas non plus état de son côté de critères sur l’origine géographique du gruyère.

La FDA définit juste des critères de fabrication avec un vieillissement d’au moins 90 jours.

Par contre la FDA précise bien que le gruyère doit avoir des « petits trous ».

Faut-il alors continuer d’investir en Europe dans des labels, des appellations d’origine contrôlée (AOP) et des indication géographique protégée (IGP) ?

Paradoxalement, en Suisse, les producteurs de Gruyère sont très fâchés.

Surtout depuis l’achat des 36 futurs avions de combat américains F-35 pour 6 milliards de francs (Suisse).

Article : P. du Chélas


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