Disparition des insectes
Selon l’Institut Smithsonian, il existe près de 30 millions d’espèces d’insectes alors que la science n’en connaît qu’environ 900 000 espèces : mais cela ne vas pas empêcher la disparition des insectes.
Quand on veut sensibiliser sur la nécessité de protéger les insectes dans la biodiversité et pointer les actions humaines qui affectent la faune mondiale, deux causes responsables émergent ; l’agriculture et le climat.
Le débat s’arrête là.
Personne ne se sent concerné par la faune entomologique.
Les insectes sont minuscules pour l’œil humain.
Dommage car en raison du réchauffement climatique et de l’agriculture intensive qui font disparaître les insectes, les récoltes s’amenuisent.
Beaucoup de gens mourront de faim à cause des produits chimiques et de la température en hausse.
Mais surtout à cause de la disparition d’insectes indispensables dans la biodiversité.
Écosystèmes complexes
Il faut tout d’abord saluer le travail d’une passionnée du sujet : le Docteur Charlie Outhwaite.
Elle participe au projet Global Insect Threat-Response Synthesis (GLiTRS) financé par le NERC et la revue Nature vient de publier son étude.
Pour faire simple, Mde Outhwaite se préoccupe des interactions entre le changement global de la biodiversité et la sécurité alimentaire humaine.
Elle pose le problème de manière simple ; qu’est-ce qui donne aux plantes la capacité de convertir le dioxyde de carbone en oxygène ?
Cette question nous entraîne dans les racines de la terre et dans le rôle des insectes. Et plus précisément dans le rôle des insectes pour préserver un équilibre dans des écosystèmes complexes.
Dans la nature, les insectes servent à décomposer les matières mortes pour en libérer les nutriments dans le sol.
Ils servent aussi à contrôler les espèces de ravageurs et à polliniser les cultures vivrières majeures.
Surtout dans les écosystèmes utilisés par l’Homme pour en tirer des ressources grâce à l’agriculture.
Pour illustrer ce rôle des insectes, notre article sur les lombrics explique les complexes interactions entre les différentes couches de notre biosphère et le rôle de chaque espèce.
Le travail du Docteur Outhwaite permet de comprendre que les terres agricoles soumises au stress climatique connaissent un déficit d’insectes.
Et aussi que ces terres s’appauvrissent en terme de diversités d’espèces.
Elles ne possèdent plus en moyenne que la moitié du nombre d’insectes par rapport aux zones d’habitat naturel.
La diversité se réduit à 25% en moins d’espèces d’insectes dans les espaces en culture.
Sans oublier le phénomène de déforestation qui est complètement ravageur…
Hécatombe alarmante et Holocène
L’ironie de la situation est que l’homme garde un œil dans l’espace mais ne voit pas la disparition des insectes sur la planète.
En 30 ans dans le monde, le nombre d’insectes a diminué de moitié.
Nous sommes face à l’une des plus grandes extinctions de masse qui s’inclut dans celle de l’Holocène dont l’Homme est responsable.
En Europe, la disparition des papillons varient de 30 à 50 %.
Cela impacte la flore qui se retrouve sans pollinisateurs.
Les premiers remèdes consisteraient à réduire l’intensité de l’agriculture ; diversifier les cultures et réduire drastiquement les produits chimiques.
En parallèle, il faudrait préserver les habitats naturels des insectes à l’instar de la protection marine.
La perte de biodiversité des insectes met en danger les écosystèmes qui mettent eux-mêmes en danger la biosphère.
La perte de fonctions écologiques dans la mécanique de la nature va engendrer une insécurité alimentaire.
Et pas seulement pour l’Homme.
Le premier impact de cette disparition des insectes concerne les animaux qui s’en nourrissent ; amphibiens, chauves-souris, oiseaux, poissons,…
Le deuxième impact est la disparition de la flore qui perd ses pollinisateur : 3027 espèces végétales sont en danger critique d’extinction selon l’UICN.
Voila comment on passe de l’infiniment petit à l’infiniment grand ; n’écrasez plus les fourmis.. quand elles travaillent.
Insectes et sécurité alimentaire
Le déclin des insectes aura des conséquences pour tous les écosystèmes de la planète.
La conséquence sera destructive pour les espèces dépendantes des insectes pour leurs alimentation : amphibiens, chauves-souris, oiseaux, poissons et aussi insectes.
Mais il aura surtout des conséquences plus immédiates pour l’agriculture et la production de denrées indispensables à notre humanité.
Il faut urgemment repenser le modèle de l’agriculture mondiale car cette agriculture est un pharmakon à retardement : en effet l’agriculture est la fois le poison et le remède pour sortir de cette situation.
Les causes sont ainsi bien connues : agriculture intensive, appauvrissement des sols, déforestation, destruction des habitats des espèces, pollution avec les engrais, transformation des terres, utilisation de pesticides,..
La disparition des mauvaises herbes pour l’agriculture et la suppression des haies dans les champs suppriment des habitats cruciaux pour les insectes.
Et aussi pour l’agriculture car il ne faut pas oublier le rôle de pollinisateur des insectes.
Un autre aspect occulté est aussi celui de la disparition des prédateurs des insectes » nuisibles » aux cultures comme les chenilles, les cochenilles et les pucerons.
Ce rôle est naturellement celui des guêpes et des frelons qui avec leurs disparitions obligent les agriculteurs à répandre encore plus de pesticides.
Au sujet du volume des insectes en danger, il faut noter l’étude « More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas » réalisée dans plusieurs biotopes durant plus de 30 ans.
Cette étude pose la situation en chiffrant un déclin de 75% des insectes volants étudiés et alerte sur des extinctions massives dans l’entomofaune.
L’humanité dépasse largement les 9 limites planétaires.
Article : P. du Chélas
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